En cette période de morosité, j’ai envie de développer le thème de Santosha. D’après les Yoga Sutras de Patanjali, le contentement est l’une des qualités essentielles que tout Yogi est amené à développer.
saṁtoṣāt-anuttamas-sukhalābhaḥ (II.42)
« Par le contentement, s’obtient le bonheur suprême » (1)
Santosha consiste à accepter la réalité telle qu’elle est, tout en développant un sentiment de satisfaction, de contentement, indépendant des facteurs extérieurs.
Parmi les processus mentaux qui nous empêchent de voir la réalité telle qu’elle est, il y a ce qu’on appelle les biais cognitifs. Et ils sont très nombreux (environ 250) ! Celui qui affecte le plus notre humeur est sans doute le biais de négativité.
Le biais de négativité est un processus cognitif qui nous sensibilise beaucoup plus aux événements négatifs qui nous affligent qu’à ceux qui sont positifs. En d’autres termes, si je vous donne 10 informations, dont 9 bonnes nouvelles et une mauvaise nouvelle, votre cerveau va automatiquement se focaliser sur ce qui ne va pas bien et lui donner plus de poids (2).
La super capacité de notre cerveau pour la détection d’anomalies ou de problèmes était sans doute très utile dans un environnement hostile où les premiers hommes devaient survivre. Il l’est moins dans notre monde d’aujourd’hui. De plus, l’impact de ce biais est exacerbé de manière importante par les médias. Il est notamment exploité par les algorithmes des réseaux sociaux qui mettent en avant le sensationnel et les évènements dramatiques. Les informations négatives ayant un impact plus puissant et un potentiel vital plus important.
Alors comment reprogrammer notre cerveau pour contrer cette tendance, et développer plus de contentement ?
Je vous livre ici deux pratiques que j’utilise quotidiennement depuis des années et qui ont contribué, entre autres, à me rendre plus heureux. Ce sont deux techniques simples, qui ne nécessitent que 5 minutes chacune par jour et qui pourtant, si elles sont répétées régulièrement, vont vous changer la vie. Du moins, cela a été mon cas !
Intégrer la gratitude dans ma routine matinale
Tous les matins, avant de prendre mon petit déjeuner, je pratique mon « rituel Yoga du matin ». La toute première partie de ma routine consiste simplement à m’installer en posture de méditation, à joindre les mains devant la poitrine et à « rendre grâce ». Je commence toujours par remercier Dieu (ou la Vie, ou l’Univers…) pour être en vie, être en bonne santé et pour avoir mis le Yoga dans ma vie.
Ensuite, je me remémore les choses positives qui se sont passées la veille ou bien les évènements agréables qui vont avoir lieu dans ma journée à venir. Puis je remercie, je rends grâce pour chacune d’entre elles. Cela peut être des choses très simples comme «le sourire d’une personne rencontrée la veille », « la présence du soleil », « un bon repas entre amis », « une nouvelle technique que j’ai apprise » …
C’est aussi simple que cela ! En voici les avantages :
- Se remémorer ou visualiser des évènements positifs nous les fait revivre une deuxième fois. Nous en tirons donc une double satisfaction.
- En répétant cet exercice, nous entrainons notre cerveau à détecter et à relever le positif. A la longue, nous développons un état d’esprit positif, à l’affut de nouvelles opportunités.
- Cela donne une impulsion et une tonalité qui va teintée de positif tout le reste de notre journée.
Rituel de clôture de ma journée de travail
Comme beaucoup d’entre vous, je passe beaucoup de temps et d’énergie au travail. J’ai la chance d’apprécier mon activité professionnelle, mais parfois, j’ai du mal à déconnecter. Quand j’étais à mon compte dans l’informatique, je ramenais souvent mes problèmes à la maison . Parfois, cela se transformait en rumination. J’en ai parlé à mon amie coach Nacéra Bennaceur qui m’a donné l’idée de cette technique… Je la remercie encore aujourd’hui pour cette pratique que j’effectue encore tous les jours !
5 minutes avant de quitter mon poste, j’exécute cette petite routine qui vient clôturer ma journée de travail :
- J’ouvre un fichier et je commence par lister toutes les choses non terminées. Je note ce que j’ai à faire demain afin de « désencombrer » mon esprit.
- Puis je note tous les évènements positifs et agréables de ma journée. Cela peut concerner mes tâches, les relations avec mes collègues, voire la qualité du repas du midi, etc. J’ai même un système de notation ! Chaque ligne de mon fichier correspond à un évènement. Je commence chaque ligne par le caractère ‘+’. Je répété ce caractère de 1 à quatre fois : ++++ = évènement incroyable, +++ = très positif, ++ = moyen, etc.
- Ensuite, parce que je ne vit pas que des journées de bisounours, je note les points difficiles ou négatifs. Chaque ligne commence par une série de caractères ‘-‘.
- Je prends chaque point négatif et j’essaie de voir comment m’améliorer. Je note ce que j’ai appris de cette épreuve ou de ce problème. En gros, j’essaie de voir le côté positif du négatif ! « Exemple : Ok, j’ai passé 5 jours à transpirer pour corriger ce programme informatique, et ce n’est pas encore totalement terminé… Mais j’ai appris de nouvelles méthodes de résolution de problème. J’ai découvert que je pouvais compter sur l’aide de mes collègues. J’ai appris de nouvelles astuces de programmation qui me rendent plus efficace. Plus que deux heures… Et j’aurais produit un code de qualité qui pourra être utile à mon entreprise pendant des années ! »
- J’éteins mon ordinateur et je quitte mon lieu de travail avec la résolution de ne plus y penser jusqu’au lendemain.
Testez, adaptez, ajustez !
J’espère que ces deux pratiques simples et rapides à mettre en place pourront vous inspirer et vous être utiles. En créant de nouvelles habitudes positives, vous re-programmez votre cerveau. Ainsi, vous développez un état d’esprit positif que vous maintenez sur le long terme. Je vous conseille donc de les tester pendant au moins trois semaines en vue d’en retirer le maximum de bienfaits.
Références :
(1) : Yoga Sutra de Patanjali – Miroir de soi – Traduction de Bernard Bouanchaud.
(2) : Publication scientifique : « Ito, Tiffany A., Negative information weighs more heavily on the brain : the negativity blas in evaluative categorizations., American Psychological Association, 1998 (OCLC 926935838)